Cette magnifique forteresse médiévale a été construite au XIIIᵉ siècle et a connu de nombreux propriétaires au cours de son histoire mouvementée...
Les familles de Bauçay et Chaunay : l’époque médiévale
La première mention du château connu sous le nom de la Motte-Bauçay remonte à l'époque médiévale, alors qu'il était une forteresse appartenant à la Famille de Bauçay. En 1404, le château prit le nom de Mothe Champdeniers après le mariage de Marie de Bauçay et de Guillaume II de Chaunay, seigneur de Champdeniers. Puis, en 1448, le domaine passa dans la famille De Rochechouart suite au mariage d'Anne de Chaunay (fille de Marie et Guillaume II de Chaunay) et de Jean de Rochechouart.
En 1530, le château de la Mothe Champdeniers était dans un état de délabrement avancé. Malgré cela, le bâtiment avait encore conservé son apparence de forteresse médiévale, avec plusieurs tours mentionnées dans un inventaire de l'époque. Cette liste comprenait une vieille tour qui avait été détruite, une tour ronde ou haute tour, la tour à pans, la tour voûtée, la tour neuve et une autre tour non désignée. Les fondations de ces anciennes tours semblent avoir été conservées dans les tours actuelles. Bien que le château ait été en mauvais état à l'époque, les tours restantes témoignent de sa riche histoire et de sa construction défensive. Les travaux de restauration et de conservation du château depuis cette époque ont permis de préserver une partie de son patrimoine architectural et historique.
La famille Rochechouart
Au XVᵉ siècle, le château est donc arrivé dans la famille De Rochechouart, qui a entrepris de grands travaux de rénovation et d'embellissement. Les Rochechouart ont ajouté des éléments Renaissance au château, tels que des fenêtres à meneaux et des tourelles élégantes. Le château a également été agrandi avec l'ajout d'un grand escalier en pierre et des canaux ont été creusés autour du château en déviant la Boire voisine pour les alimenter.
La famille Hennecart
En 1809, le domaine de la Mothe Chandeniers est vendu à François-Fidèle Hennecart, un financier d'origine parisienne, qui en fait sa maison de campagne. Le château, pillé pendant la Révolution, est inhabité et nécessite des réparations urgentes. Le nouveau propriétaire se concentre principalement sur la reconstruction des canaux entourant le parc du château, ainsi que la construction d'un grand canal pour la navigation de plaisance.
François-Fidèle Hennecart meurt en 1845 à l'âge de 82 ans, laissant le domaine à sa troisième fille Aimée-Alexandrine Hennecart, qui est aidée dans l'achat par son mari, associé de son père. Le domaine comprend alors 12 fermes, 2 moulins et 5 maisons.
La famille Ardoin
Aimée Alexandrine Hennecart épouse Jacques Ardoin le 15 avril 1818. Ils ont cinq enfants : Augustine, Alexandrine, Jules, Juliette et Marie. Jacques était bonapartiste et membre du parti conservateur. Il fonde en 1814 une banque spécialisée dans les investissements et les prêts vers l'Allemagne, la Pologne et la Russie. Il est d'abord associé à Hubbard puis à Jolly et Hennecart (son beau-père).
En juillet 1847, un an après avoir acquis le château, le couple entame la reconstruction de la propriété. Les façades du château présentent des décorations gothiques, assez différentes du style de la Renaissance française. La reconstruction s'est terminée en 1861, après 14 ans de travaux, en raison de l'éloignement, de l'espace de construction limité et de l'accès difficile au site. Les matériaux, les ouvriers, les chariots et l'équipement devaient traverser un pont relativement étroit.
Le château de la Mothe Chandeniers a été achevé en 1861 et les propriétaires l'ont principalement utilisé pendant la saison de chasse. Alexandrine Ardoin, la propriétaire, n'a jamais fait du château sa résidence principale. Cependant, après la saison de chasse en 1870, elle a décidé de ne pas retourner à Paris en raison de la guerre de 1870 et du siège de la capitale par les armées prussiennes. Son état de santé s'est détérioré pendant cette période et elle est décédée au château de la Mothe Chandeniers le 20 novembre 1870.
Après la mort d'Alexandrine Ardoin, son fils aîné Jules-Joseph Ardoin devait hériter du château. Cependant, Jules est décédé sept mois après sa mère, en juin 1871, sans avoir eu d'enfants. Sa femme Amélie Avrial a hérité de ses biens, mais n'a pas participé à la succession d'Alexandrine. Les biens d'Alexandrine ont été partagés entre ses deux filles, Augustine-Adeline et Marie. Marie a racheté la part de sa sœur et est devenue propriétaire du domaine et du château. Au moment de la succession, le domaine et le château ont été estimés à 1 350 000 Francs et le mobilier à 46 310 Francs.
La famille Lejeune
Il est assez difficile de parler de la famille Lejeune sans évoquer au préalable le roman d’aventure que constitue la vie du héros de la famille, Louis-François Baron Lejeune.
Louis-François Lejeune (1775-1848) était un peintre et général français de la période napoléonienne. Il a commencé sa carrière militaire comme volontaire en 1792, et a rapidement gravi les échelons pour devenir un officier d'artillerie.
Il a participé à de nombreuses batailles de la Révolution française et de l'Empire napoléonien, notamment à Austerlitz, Eylau, Borodino et Waterloo. En 1808, il a été nommé directeur des fortifications de Paris.
En 1815, après la chute de Napoléon, Lejeune a été exilé en Belgique. Il est finalement retourné en France en 1828 et a consacré le reste de sa vie à la peinture.
Le général baron Lejeune a eu un fils nommé Edgar (I), qui devint Écuyer de l’Empereur Napoléon III après l’avènement du second empire en 1851. Edgar se maria avec Marie Ardoin en 1858. Ensemble, ils se rendirent régulièrement au château de la Mothe Chandeniers qu’ils transformèrent en un haut-lieu de rendez-vous de la société mondaine.
À la mort d’Edgar, le 1er avril 1867, sa veuve, Marie, décida de faire de la Mothe Chandeniers sa résidence principale, entraînant un profond changement de fonction pour le château. Elle léguera le château à son fils Robert en 1889, qui y effectuera différents travaux.
Des trois enfants que Robert eu avec son épouse, le premier, Edgar II et successeur légitime du château, mourut pendant la Première Guerre Mondiale.
Victime d’un important incendie en 1932, le château de la Mothe Chandeniers fut laissé à l’abandon après la mort de son dernier propriétaire, le baron Robert Lejeune, en 1943.
De la ruine à la célébrité
Après l'incendie de 1932 et la mort du baron en 1943, le château est resté totalement à l'abandon pendant des années. L'appartement de l'orangerie était, à cette époque, habité par Mlle Elisabeth Lejeune, la fille du baron. En 1963, l'héritière Lejeune décida finalement de vendre le domaine à Jules Cavroy, industriel à la retraite, rapatrié d'Algérie et ancien champion Olympique de tir aux pigeons. Le château comprenait alors environ 800 hectares de terres cultivables et 1.200 hectares de forêt.
Pendant plus de 10 ans, les 550 hectares situés autour de l'ancien château sont exploités en une sorte de ferme pilote par des travailleurs rapatriés d'Algérie. Jules Cavroy, qui n'est pas agriculteur de métier, se charge de la partie administrative et commerciale.
Au début des années 1980, Jules Cavroy étant âgé de 90 ans et n'ayant pas réussi à intéresser ses enfants au domaine dont ils étaient tous éloignés par leurs affaires personnelles, décide de vendre.
Comme il n'a pas trouvé de repreneur pour un domaine aussi vaste, il accepte de vendre au Groupement Agricole de Roiffé qui appartient à la banque Le Crédit Lyonnais.
Malheureusement, celle-ci laissa tout d'abord le domaine et les bois sans entretien. C'est surtout à cette période que la végétation parasite a envahi et endommagé les ruines du château. La banque a ensuite morcelé les bois pour les vendre plus facilement et enfin tout le domaine de la même façon.
Dartagnans et ses quelque 30 000 co-châtelains
Le destin du château a pris un tournant majeur en 2018, lorsque des dizaines de milliers de passionnés originaires des quatre coins du monde se sont cotisés pour le sauver et lui redonner vie. La Mothe Chandeniers appartient aujourd'hui à une communauté de près de 30 000 co-châtelains et actionnaires de 115 pays différents qui œuvrent chaque jour pour son développement et sa préservation.
La startup française Dartagnans a initié ce projet en 2018. Après une campagne de financement participatif record, 2 ans de travaux de rénovation, 200 chantiers de bénévoles, 30 événements organisés, plus de 50 000 visiteurs accueillis et une première étoile du Guide Vert Michelin décernée, le pari fou de sauver collectivement et de faire renaître ce château magique a été relevé !
Aujourd'hui, l'aventure continue et les projets pour le château sont ambitieux. Dartagnans ouvre une nouvelle campagne de financement participatif et offre la possibilité à davantage de personnes de rejoindre la plus grande communauté mondiale de sauveurs de châteaux.
Les fonds récoltés serviront à développer de nouvelles activités touristiques à la Mothe Chandeniers et à poursuivre le vaste programme de restauration du château.
Et si vous aussi, vous rejoigniez la plus grande communauté de sauveurs de châteaux ? Cliquez ici !
Source : Maurice Bedon - Le Château de la Mothe Chandeniers - Editions La Chouette de Vendée